Naïf ? Urbain ? Brut ? Street ? Difficile de piocher parmi l'un de ces qualificatifs pour définir le travail de Kaos. Plutôt que de rechercher l'adjectif qui décrira le mieux ses créations, parlons de l'intention, de la volonté artistique que ses toiles laissent entrevoir en filigrane. Le réalisme, les proportions, la vraisemblance ne l’intéressent pas, comme chez les nabis, le désir de représenter un monde transfiguré par l’exaltation l’emporte sur toutes autres préoccupations.
« Avoir les idées claires » c’est ce à quoi tend Kaos au travers de son art. Plongé dans un état de confusion presque constant, ses dessins lui apparaissent comme des visions, ils sont à ses yeux une tentative de représentation de sentiments, d’impressions ou de sensations condamnées sinon à demeurer ineffables. Sous son crayon, il saisit sur le vif « l'épure d’une certitude fugace ».
Pour dresser une ébauche : il faut aller vite. La fluidité du geste, la spontanéité du mouvement, le dynamisme du trait capturent la « vision », l’impulsion guide la main, c’est elle qui insuffle la vie aux personnages et aux lettres de l’artiste. La silhouette des œuvres est ainsi tracée d’une traite, conforme au précepte martial de l’iaido : « dégainer pour frapper ». Une fois lancée, impossible de s’arrêter, il faut tenir le rythme, le « beat » pour ne pas altérer la fluidité, le « flow » de l’esquisse, du « sketch ».
Cette obsession de l’action spontanée dans le processus créatif en dit long sur les mouvements qui hantent son œuvre. Inspiré tant par la Rue des writers que par la Route de la Beat Generation, ses tableaux sont le récit d’un voyage ininterrompu, fresque bariolée en perpétuelle expansion ou tapuscrit pictural serpentant sans fin sur les murs sinueux de l’existence.
Chatoyante, louvoyante, faite de fulgurances foudroyantes aux allures enfantines, l’œuvre de Kaos nous plonge dans les artères de sa rêverie de vagabond en quête de clairvoyance.